Tranche D'arsouille
#1
Un petit recit comme je les aime pioché sur le forum Triumph:

<!--quoteo-->CITATION<!--quotec-->12h30, je daigne jeter un coup d’œil dehors : le soleil est au rendez-vous, pas de mistral perturbateur en vue mais juste une légère brise…je commence à cogiter : Et si je…non, j’suis crevé…

13h00, je calcul dans ma tête où je pourrai bien aller poser mes roues tout en matant la télé sans la voir.

13h15, je regarde la Daytona : elle m’attends sagement près des poubelles : faudrait que je la gare ailleurs sinon un beau matin la ville va me la foutre à la beine…

13h20, ne pouvant plus résister à l’appel, je m’équipe en deux-deux puis je sors.

Je ne sais pas trop où aller, j’ai juste envie de profiter du beau temps. Direction Cassis par la Gineste. L’été, cette putain de route, c’est vraiment l’antichambre du Moto GP : Que du pilote de compétition qui sort sa brêle pour deux mois histoire de faire à nouveau mouiller sa poufiasse…Mais ce coup-ci j’ai de la veine, l’heure du repas et de la digestion aidant, la route est à moi ! J’enroule comme une vieille en lorgnant lors de la montée la vue imprenable sur le cœur de Marseille et sa grande bleue : putain, plus je passe par ici et plus je trouve ça beau. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à en croire les quelques bagnoles qui sont arrêtées aux endroits stratégiques pour admirer la vue.

Le plateau de Carpiagne se profile sous mes roues, j’essaie de tendre le coup et de regarder au loin pour voir si les bleus ne sont pas cachés près de la citerne…Je ne vois rien : soit je suis aveugle soit ils cuvent leur 51. Tant pis, j’ouvre : le trois pattes ronronne gentiment puis commence à rugir comme un fauve qui joue avec sa proie. Je me marre sous mon casque, c’est trop bon. La descente se fait au ralenti, juste pour pouvoir à nouveau profiter des virolos qui dévoilent petit à petit la mer, le port et ses bateaux.

Arrivé à Cassis, je n’ai pas envie que cela se termine, je décide de profiter et je m’élance sur la route des crêtes : Comment résumer la beauté du site ? Les mots me manquent. Je regarde plus la mer que la route. Je m’arrête à un belvédère, je descends sans couper le moteur, je remonte ma visière et je contemple. A loin, l’île du Riou se dessine au milieu d’une mer calme. La brise marine est de la fête et ramène à plus de 400 mètres en haut des falaises cette odeur fraîche et iodée. Beaucoup de randonneurs sont aussi de la fête et viennent souffrir sous le cagnard pour admirer le lieu. Je tombe sur un vieux couple de british dont le type me cause dans un accent lamentable des Triumph qu’il a possédé étant jeune. Je comprends presque rien mais je saisi juste : 35 De Luxe, enfin je crois…Ne sachant pas vanner en anglais, je lui baragouine que Triumph c’est plus ce que c’était. Bref, rencontre étonnante entre terre, ciel et mer. Pour finir, je pousse jusqu’au sémaphore mais je ne peux m’y arrêter pour cause de bas-côtés trop pourris pour béquiller. Le temps de lire le panneau « terrain militaire, défense d’entrer » et je suis reparti.

Je continue la route des crêtes en descendant vers La Ciotat : Les virages y sont autant vicieux que précédemment et nécessitent toute mon attention…bien trop perturbée par le paysage. Entre deux esquives camping cars néerlandais, c’est la Ciotat qui se je à ma face : Encore une fois la mer, on distingue toute la côte et les plages jusqu'à Bandol. J’en oublierai presque que le trois cylindres est en train de me faire bouillir les burnes et que le mistral me rabat sur les chevilles l’air torride du moteur…

Arrivé à La Ciotat, je pousse jusqu’aux chantiers navals : c’est moche, mais ça fait parti de l’histoire du lieu. Ces immenses portiques s’y dressent encore avec quelques grues. Je me perds un peu en centre-ville ne sachant pas trop où aller. Résolu, je m’en retourne vers l’autoroute. Au rond-point, je lis : Ceyreste puis Le Castellet. La cause est entendue. J’enroule pépère jusqu’à être rejoint et dépassé par un R1. Je me pince la lèvre et je tourne la poignée : GAZ !! Je passe en mode rookie du pilotage. Je tombe un rapport, et le Dayto semble s’envoler, putain ça pousse un peu quand même ! Mon client est toujours solidement installé devant. Je bataille ferme, je soigne mes trajos, je sors même le genou en me déboîtant la hanche : rien y fait, il est facile et semble même se faire chier…En rage, j’essore encore plus, jusqu’au panneau qui me dit que je n’ai pas la priorité…Ta mère, où sont les freins !!! J’ai fermé les yeux et si j’avais été croyant, j’aurai prié. Le fait est que je m’arrête…au milieu du rond-point. Mon R1 a filé mais je suis vivant. Si je ne m’aimais pas, je me serai insulté : en même temps, comment faire des miracles alors que je roule tout le temps en ville…

Bref, je traverse ce charmant village de Ceyreste en notant qu’il me faudrait m’y arrêter un jour. Une fois passé, la route devient un régal : les virages s’enchaînent avec quelques bouts droits de qualité et un panneau « Département du Var » me renseigne que je suis désormais en terrain ennemi, va falloir assurer le bout de gras face à ces bouseux !

Le bitume déplie ses courbes et malgré ma tiédeur à ouvrir de nouveau…ben j’ouvre comme un goret ! Heureusement, une prise d’angle de merde -comme seul moi sait les faire- rappelle à l’ordre mes ardeurs : le Dayto chasse du fion, juste assez pour que je me ruine un calbut. Encore une fois, je sais pas comment j’ai fais mais je me suis retrouvé sur la voie d’en face…Fini le pilotage, sinon je vais vraiment me bourrer ! J’en profite donc pour regarder les troupeaux de campeurs du dimanche qui se chachattent à la vinasse en glandant sous les pins pendant que les gosses jouent au ballon. Dieu que c’est fréquenté !

En fin de course, j’arrive au panneau : à droite, Le Castellet et à gauche Cuge-Les-Pins. Je souris connement sous mon casque : Et si j’allais me la péter au High Speed Club du Paul Ricard ? Hum ? Mode d’emploi : d’abord, préparer son entrée en faisant entendre qu’on arrive à fond les baloches sur la ligne droite…pour moi c’est un peu raté pour le bruit, faudra changer de pot. Ensuite, passer SANS REGARDER les autres brêles japonaises et trouver dignement une place…au loin. Au final, mettre ses lunettes de soleil et sortir son portable et faire le mec qui attend les autres…Je n’ai pas fait long feu, car avec un euro en poche, adieu le coca…je veux dire la bière !! En plus, j’ai l’impression d’être un alien que tout le monde regarde car sa bécane est super crade : Je la lave pas et je vous emmerde !!

Retour sur Cuge-Les-Pins, la descente se fait avec souplesse au milieu d’un couple avec motos et enfants. Une petite chaleur au niveau du parc tristement célèbre de OK Corral où tout ces caisseux se garent comme des tanches…

Avant l’arrivée sur Gemenos, un type en FZR et sa passagère me passent. Cette fois, sans vouloir attaquer –j’ai pigé la leçon- je tente de prendre les même trajos que le pilote de la Yam qui se promène grave. Bilan : faut vraiment que je fasse un stage de pilotage, car en foutant le Dayto au même endroit que lui, je ne sort pas pareil…message perso au Kangoo immatriculé dans le 01 : merci pour m’avoir esquivé !

Sur la fin du parcourt et puisque je ne sais que rouler vite quand c’est tout droit, je me lâche entre les ronds-points de la zone industrielle. Au sortir de l’avant dernier –pour une fois, j’étais propre- je découvre une camionnette de la marée-chaud-c’est. Le type ralenti, je fais de même. Je les double alors qu’ils s’arrêtaient pour se poster en contrôle routier. Pourvu que les motards suivants n’aient pas la même idée que moi…

Au final, le tronçon d’autoroute rapidement avalé me ramène dans ma chaumière marseillaise, je dépose le Dayto surchauffé près des poubelles et c’est la tête pleine d’images et de sensations que je me jette…sur la bière que je n’ai pas pu me payer avant !!

Voilà, c’était mon dimanche au soleil et je voulais que ça se sache !

Satanictiti <!--QuoteEnd--><!--QuoteEEnd-->
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