10-16-2016, 09:22 PM
(10-11-2016, 09:47 PM)emss a écrit : 'Lut,
(10-11-2016, 04:55 PM)darkvador a écrit : Donc ca va plutot dans la bonne direction et il est absolument certain que la repression change les comportements. L annee de la mise en place du permis a point et celle de la generalisation des radars automatiques sont tout a fait revelatrice
Même pas...
L'inflexion de la courbe de mortalité en 2002 a lieu avant l'installation des premiers radars automatiques et donc bien avant leur généralisation, la progression en 2003/2004 est moindre alors que les radars sont présents (c'est ballot des dispositifs efficaces avant d'être installés et plus après).
Tous les pays occidentaux ayant un développement économique similaire ont vu une évolution de la mortalité routière du même acabit, avec un pic en 1972 et une décroissance depuis, indépendamment des politiques de SR menées.
En dehors de l'amélioration des véhicules et du réseau routier, un des points communs est la démographie, le pic de mortalité a été atteint en 1972 et la baisse amorcée avant la généralisation des limitations (encore une mesure à effet rétroactif, c'est dingue) pourrait correspondre peu ou prou au passage du cap des 25 ans pour les babyboomers, et donc à la baisse des comportements à risque de cette tranche d'âge sur représentée.
Bref, rien n'est jamais aussi simple que la phrase toute faite dont a besoin un politique pour justifier une politique dont il est incapable d'évaluer objectivement les effets.
Éric aka Alf
Malheureusement, on en revient sur cette question aux mêmes conclusions que nous avions tirées de la sécurité intérieure et du terrorisme en particulier. Sur la question routière comme sur toutes les autres questions abordant les politiques publiques, d'ailleurs, l'Etat n'a jamais mis en place de véritables outils de mesure, d'audits et de véritables tableaux de bord afin d'analyser factuellement l'efficacité ou non d'une politique publique.
On pourra toujours discuter des années sur les bonnes choses à faire et les choses à éviter, il n'y a aucune véritable analyse de fond pour tirer des conclusions valables. Et comme de nombreux dossiers complexes avec des milliers de paramètres (et la sécurité routière en fait partie), le pseudo bon sens terrien est souvent une chose que tout le monde s'attribue, quelque soit le camp, est qui est quasiment à chaque fois une belle et grosse connerie...
Le hic est que l'Etat à l'heure de l'audit et des processes qualité ou de mesure des politiques publiques, nous ne sommes pas prêts d'en voir la couleur ! Et ce, pour une raison tragique mais bien réelle : les managers du public (les administrateurs par exemple) ont une formation pathétique au véritable management. Les audits qu'ils pondent sont souvent de bonnes grosses merdes qu'aucun consultant, même le plus mauvais, n'oserait vendre à une entreprise privée. A cela, vous ajoutez le fait qu'une fonction publique avec de vrais processes mettrait au moins 60% de son personnel administratif au chômage et que les personnels politiques ne pourraient plus faire de populisme à la con, et là, vous avez tous les ingrédients d'une absence totale de volonté de vouloir vraiment résoudre les problèmes, que ce soit la sécurité routière ou n'importe quelle autre question de politique publique...
Alors faute de tout cela, on prend des postures, on interprète des chiffres totalement déconnectés d'une véritable analyse de fond et on pond des politiques aussi dogmatiques que dénuées de toute sens des réalités.
Ce qui tue sur les routes, et c'est vrai pour toute autre catastrophe, ce n'est jamais la faute d'un seul facteur. La vitesse peut en être un mais ce n'est jamais le seul. Et si les politiques répressives ont fait chuter la vitesse des usagers les moins accidentogènes, les tueurs en puissance restent tragiquement les mêmes et ils gardent leur comportement suicidaires.
Il suffit de prendre les chiffres des annulations de permis. Ils sont en augmentation. Mais quand on regarde ces chiffres de plus près, la majorité sont des cas de récidive ou des gens adeptes des sanctions à répétition.
Donc au lieu de faire peser une pression toujours plus grande sur ceux qui obéissent déjà à la Loi, on ferait mieux de réfléchir à écarter définitivement ceux qui n'ont rien à faire sur nos routes.
Mais comme la France n'est absolument pas un Etat libéral (au sens politique), nos dirigeants préfèrent brider la masse et donc de ne jamais sanctionner les brebis galeuses plutôt que de laisser la liberté aux gens et de sanctionner ceux qui en abusent.